Dans le cadre de mon travail, je suis amenée à rencontrer bon nombre de jeunes adultes (i.e. des touts-petits qui ont entre 18 et 25 ans). Ces jeunes adultes, ces grands enfants, sont à une période charnière de leur vie, un moment où ils commencent à tracer les grandes lignes de leur vie future, où de leurs choix d’étude dépendent des choix de vie. En effet, aucun choix n’est définitif, mais ce n’est pas forcément simple d’avouer que l’on s’est trompé et changer de voie.
Beaucoup de ces jeunes sont à l’aise dans leurs baskets et dans leurs choix (autant qu’on puisse l’être à 20 ans). Mais pour certains c’est moins simple. Parce qu’il y a une pression familiale, parce qu’eux mêmes se mettent une pression en imaginant ce que leurs proches attendent d’eux, parce qu’il y a un décalage entre leur métier de rêve et la réalité du métier.
C’est mon métier de gérer le troisième point, de leur donner des repères ancrés dans la réalité pour qu’ils aient toutes (ou en tout cas un bon paquet) les cartes en main pour choisir une voie. En revanche, je ne suis que spectatrice face à la pression familiale et/ou leur pression personnelle. Il est très rare que je rencontre les familles (parce que justement nous tentons de dissocier au plus leurs choix de leur famille), mais je connais bien quelques jeunes qui suivent certaines études pour faire plaisir à leurs parents ou qui pensent faire plaisir à leurs parents en suivant ces études.
Je m’interroge sur ce qui amène à ces situations. Comment nous, parents, projetons si fort une image / un rêve à notre enfant pour qu’il fasse ces choix de vie en fonction de cela ? Si je dois être tout à fait honnête, il est évidemment que j’ai des rêves pour mes mousticks. Je souhaite qu’ils soient heureux dans leur vie, qu’ils aient un métier dans lequel ils s’épanouissent et qui leur permettre de vivre. Mais je ne suis pas à l’heure du choix et que dirais-je si le ouistiti désire devenir jongleur de rue (magnifique métier, mais il me semble assez précaire). Énoncer ces grands principes : je souhaite qu’il soit heureux suffira-t-il à lui faire confiance dans ces choix et à l’aider à atteindre son but. Je n’en sais rien, alors en attendant, j’essaye d’aider ces jeunes dans leur cheminement et je retiens toutes ses situations difficiles où l’amour familial relève plus du poison que du médicament.